Un point de départ pour mieux comprendre la sexualité humaine consisterait à explorer les motivations qui poussent les humains à s'engager dans des activités sexuelles sans potentiel reproducteur. Une étude suédoise a révélé qu’il y aurait environ 1100 rapports sexuels par naissance en 1998, montrant ainsi que la majorité des comportements sexuels ne mènent pas à la procréation (Ventura-Aquino et Agmo, 2023). Globalement, la motivation sexuelle réfère au besoin de se livrer à des activités sexuelles autoérotiques (p. ex., masturbation) ou d’établir un contact sexuel avec autrui. Elle résulte d’une interaction entre des mécanismes biochimiques, des processus psychologiques et des facteurs sociaux (Graziottin, 2000; Journet, 2013; Ventura-Aquino et Agmo, 2023). La motivation à s’engager dans un rapport sexuel est statistiquement différente entre les hommes et les femmes, ainsi qu’entre les personnes dans des relations monogames ou polygames (Kelberg et Martinsone, 2021). Dans un premier temps, le lien entre les hormones gonadiques, provenant des testicules ou des ovaires, et la motivation sexuelle est toujours sujet de débat et les résultats sont parfois contradictoires. Essentiellement, ces hormones font fluctuer la motivation sexuelle (Graziottin, 2000; Ventura-Aquino et Agmo, 2023). Une étude menée sur des hommes ayant un bas niveau d’androgène (c.-à-d., l’hormone sexuelle mâle, aussi présente chez les femmes en moins grande quantité) montre que la réponse phallique est réduite face à des films pornographiques (Ventura-Aquino et Agmo, 2023). Une autre étude a montré qu’une thérapie de remplacement hormonale chez une femme ayant un bas niveau d’androgène augmente la motivation sexuelle (Graziottin, 2000). Par ailleurs, il existerait une corrélation positive entre le niveau de testostérone et les comportements sexuels. Plus une femme aurait un niveau de testostérone élevé, plus elle serait susceptible d’adopter des comportements sexuels, tels que la masturbation ou de présenter une réponse vaginale à un stimulus érotique (Graziottin, 2000; Ventura-Aquino et Agmo, 2023). Les pratiques sexuelles seraient aussi motivées par des facteurs psychologiques. Selon la théorie de l’autodétermination, il existerait cinq motivations psychologiques : 1) intrinsèque (p. ex. parce que c’est amusant d’avoir une relation sexuelle) 2) intégrée (p. ex., parce que ça apporte du plaisir à ma vie), 3) identifiée (p. ex. parce que c’est un aspect important), 4) introjectée (p. ex. pour se prouver d’être sexuellement compétent) et 5) externe (p. ex. pour éviter les conflits dans le couple) (Gravel et al., 2016). De plus, des facteurs peuvent influencer ou prédire la motivation sexuelle. En effet, les hommes et les femmes sont motivés à adopter différents comportements sexuels pour diverses raisons : réguler leur stress, rechercher le plaisir, être attiré par une personne, explorer de nouvelles expériences ou encore améliorer leur estime de soi (Kelberg et Martinson, 2021; McBride, 2017). La sexualité humaine est unique et complexe, comme en témoigne la diversité des motivations à s’engager dans des rapports sexuels que ce soit seul, en couple ou en groupe. Ces motivations dépendent de plusieurs facteurs psychologiques, biologiques, ainsi que du contexte culturel et historique dans lequel l'individu évolue. References Gravel, E. E., Pelletier, L. G. et Reissing, E. D. (2016). “Doing it” for the right reasons: Validation of a measurement of intrinsic motivation, extrinsic motivation, and amotivation for sexual relationships. Personality And Individual Differences, 92, 164‑173. https://doi.org/10.1016/j.paid.2015.12.015 Graziottin, A. (2000). Libido: the biologic scenario. Maturitas, 34, S9‑S16. https://doi.org/10.1016/s0378-5122(99)00072-9 Journet, N. (2013). La sexualité et ses usages. Dans Le sexe d’hier à aujourd’hui (p. 11‑18). https://doi.org/10.3917/sh.bedin.2013.01.0011 Kelberga, A. et Martinsone, B. (2021). Differences in Motivation to Engage in Sexual Activity Between People in Monogamous and Non-monogamous Committed Relationships. Frontiers In Psychology, 12. https://doi.org/10.3389/fpsyg.2021.753460 McBride, K. R. (2017). Heterosexual women’s anal sex attitudes and motivations: A focus group study. The Journal Of Sex Research, 56(3), 367‑377. https://doi.org/10.1080/00224499.2017.1355437 Ventura-Aquino, E. et Ågmo, A. (2023). The elusive concept of sexual motivation: Can it be anchored in the nervous system? Frontiers In Neuroscience, 17. https://doi.org/10.3389/fnins.2023.1285810 Text edited by Beáta Bőthe and Vanessa Beaulieu
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